Chaque saison, Labeaume en Musiques imagine de nouveaux récits entre les artistes, la population et le territoire à travers une programmation de rencontres artistiques nomades.
En gestation depuis le confinement, ce projet est né d’une volonté du directeur artistique Philippe Forget de réexplorer « la Belle Meunière » de Schubert avec les habitants du territoire car : « elle représente l’un des phares du Romantisme, elle incarne toute la fougue et toutes les urgences. Elle est une invitation au rêve et à l’exploration sensible des champs intimes qui expriment nos parcours : l’enthousiasme, la candeur, le désir d’exister par le regard d’autrui, la combativité, la frustration, la jalousie, la douleur, le chaos, la résilience, la renaissance… C’est une forme de parcours initiatique où chacun des tableaux s’inscrit dans le cycle de l’existence ».
À partir de cette intention, le Centre de Soins de Suite et de Réadaptation en Addictologie de Labastide de Virac, le Collège Henri Ageron de Vallon- Pont-d’Arc et le Collège Saint Joseph de Ruoms se sont associés à Labeaume en Musiques et la communauté de communes des Gorges de l’Ardèche pour imaginer un parcours de rencontres et d’ateliers appelé « Musique et Danse au fil de l’eau ». Au cours de celui-ci, les artistes ont invité les publics de ces structures et leurs encadrants à s’approprier leur processus de création en explorant leurs imaginaires, leurs voix et leurs corps via un large panel de disciplines artistiques : écriture, chant, théâtre, danse et mise en scène.
Un travail sur l’interprétation et le geste artistique a permis aux collégiens de revisiter des tableaux de « la Belle Meunière » et aux patients de s’imprégner de l’esprit de l’oeuvre en parcourant un poème de Baudelaire « Chacun sa chimère ».
Parallèlement, chacun a été investi dans des formes d’écritures collectives diverses, qu’il s’agisse de musiques ou de chorégraphies pour découvrir une multiplicité de manière d’incarner un récit et participer à un acte de « transformation ».
En s’inscrivant dans une forme de parcours initiatique, les enjeux étaient de « transformer » l’histoire des oeuvres de référence avec des mots et des pensées d’aujourd’hui… de « transformer » les mélodies des lieder avec des textures sonores et des gestualités contemporaines… Et de « transformer » le regard qu’on porte sur soi, sur les autres voire sur le monde à travers le prisme de l’art. In fine, c’est un cheminement qui a été proposé où les artistes ont ouvert des voies. Ce sont des rencontres entre des individus et des oeuvres, des lectures, des interprétations et des sensations, où la singularité de chacun a trouvé sa place pour construire un récit partagé autour de « la Belle Meunière » des Gorges de l’Ardèche.
En mémoire de cette belle aventure, ce carnet de bord consigne le travail d’écriture et de retours d’expérience de l’emble des participants. Il est illustré par des capsules sonores conçues par Jean-Noël Poggiali et des croquis pris sur le vif par Xavière Broncard dans l’environnement romantique du Moulin à eau de Salavas.